Stéphane - Premier ironman

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Une magnifique aventure qu'il nous raconte :

"Salut Les Taras !

Désolé de ne donner des news qu’aujourd’hui, mais j’avais un petit truc à faire hier qui m’a pris plus de temps que prévu.

Bon, vous avez suivi, je crois que Mary vous a aussi donné qq infos. J’ai vécu, « on » avec Maryvonne et Victor, une journée dantesque.

Jean-Michel m’avait fait me coucher tard il n’y a pas si longtemps, j’ai voulu lui rendre la monnaie de sa pièce.

15h50… Je n’étais vraiment pas venu pour cela. Donc, au final c’est vraiment une grosse déception. Mais le fait d’avoir fini, au courage, m’a fait vivre un moment unique, m’a fait passer par une somme d’émotions différentes considérables et va me marquer probablement à jamais.

Tout a démarré le matin dans la précipitation : les organisateur nous avaient dit la veille que la combi ne serait pas autorisée, et en arrivant le matin, l’eau avait perdu 1,5 ° à cause des orages (ce qui, quand y pense, présageait aussi de la suite de la course) : combi autorisée. Tout le monde en panique (pas les pros… j’ai discuté avec le breton pro). Pour moi, c’était confort avec mon team support : Mary est partie chercher la combi et voilà.

Donc, la journée se présentait vraiment super bien pour moi, je me sentais très bien, la combi était autorisée. Nickel.

J’ai confirmé avec un très bonne natation pour moi. Parti dans le sas 1h10-1h20, je n’ai pas arrêté de doubler, pour finir en moins e 1h12 je crois, sans forcer, en gestion, et un peu mieux si on enlevait la marche très longue sur la plage où on avait pied à faire 4 fois. Cela commençait donc parfaitement, avec une validation de mes progrès en natation récents, c’est toujours ça de pris.

La transition a été un peu longue, j’avais privilégié le confort (!).

Puis le vélo. J’ai senti les jambes très bien, j’ai pédalé en gérant bien au cardio, et j’ai bien appliqué ce que l’on avait dit avec Adrien. J’étais parfait. Au départ faux plat montant autour de 27, puis descendant ou je faisais du 32-33, J’ai roulé au rythme voulu, je me suis alimenté en respectant tout le plan. Les sandwich au jambon étaient carrément fantastiques. Il y avait aussi, Eric, un special needs bag, avec encore de nouveaux sandwich jambon avant de démarrer le col, les jambes allaient toutes seules (j’avais la lucidité pour les freiner un petit peu), mon moral était vraiment au beau fixe.

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Et puis là, la course a basculé pour moi.

Dans le col, un énorme orage a démarré. Avec les concurrents présents à ce moment-là avec moi, on a pris des paquets d’eau sur la tête (genre des mecs étaient au-dessus de nos avec des sauts de d’eau), qqchose de phénoménal, et on avait tous peur même, puisque l’orage tombait juste à côté, des cyclistes ont préféré s’arrêter. De mon côté, j’ai pris le parti de sortir du merdier le plus vite possible, alors j’en ai mis un peu plus, doublé un paquet de concurrents, surtout les pauvres avec leurs énormes braquets, pour finir en haut du col, finalement plutôt en forme. Jusque-là, à part la peur de l’orage et le côté désagréable de ne pas voir à 20m à cause de la pluie, je me sentais très bien.

Puis la descente… Vous devez savoir que je suis du genre frileux sur le vélo, et là, trempé jusqu’aux os, pas manqué : j’ai commencé à greloter dans la descente. Par moment, c’était limite des convulsions, tellement c’était fort, pas moyen d’arrêter. J’avais peur de faire ne connerie dans la descente. Je dois admettre que j’ai quand même fait une grosse erreur de ne pas avoir pris de coupe-vent, de ne pas avoir refait la météo le matin même. J’avais fait le check la veille, et la météo a basculé très vite dans la nuit…

En bas du col, il restait encore bien 60 km, et je les ai fait sous la pluie continue, pas aussi fort que dans le col, mais suffisamment pour que, malgré le fait que je recommençais à pédaler, je n’arrivais toujours pas à me réchauffer. Les jambes étant toujours là, j’ai quand même rejoins la transition à une vitesse normale, autour de 30, mais j’ai rarement claqué des dents comme cela.

A la transition, c’était le Vietnam. Il y avait de l’eau partout, les sacs était remplis d’eau (affaires de course à pied déjà mouillé, raté si je voulais me retrouver au sec…). J’ai vu beaucoup ont abandonné à ce moment-là, je ne suis pas surpris.

J’ai fait le pari, comme cela m’était arrivé au Natureman que je me réchaufferai vite en course à pied, et c’est ce qui est arrivé : mes jambes étaient opérationnelles au bout de 2-3 km, et au bout de 5, je me sentais super bien, réchauffé, cela faisait du bien.

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Et… cela a duré jusqu’au 13-15 km (vitesse de 10,5 tout en maîtrise, bonne gestion, je commençais à me projeter avec plein de pensées positives) où là, j’ai pris un véritable mur dans la tronche. Jamais je n’ai ressenti cela. Souvent j’ai dû ralentir à cause de douleurs, ou même un coup de mou, mais toujours avec l’impression que tu vas pouvoir continuer longtemps en t’accrochant. Là, en qq dizaines de minutes, j’ai compris que c’était fini. La panne d’essence. J’ai marché, pas encore trop paniqué, en me disant que j’allais aller jusqu’au prochain ravito pour me recharger en carburant et que cela repartirait. Mais dès que j’ai essayé de recourir, il ne se passait plus rien au niveau des jambes. Rien. Deux poteaux en bois, tétanisés. Car quand j’ai recommencé à marcher, je me suis de nouveau refroidi. Mes mains étaient gelées, je vous parle pas des pieds mouillés dans les flaques. Même marcher commençait à être dur dès le 18è km… Evidemment, moralement, c’était très dur car j’étais dans l’incompréhension de qqchose qui arrivait de manière si brutale alors que j’étais si bien. Et toutes les pensées positives sont devenues négatives en qq minutes.

Alors l’idée d’abandonner est arrivée assez vite. A quoi bon. Mon objectif était à l’eau, c’est très dur ce moment. Mais je marchais aussi en me disant que j’allais aller au moins jusqu’au prochain ravito pour manger. Et quand tu as marché 1h30, tu finis par te dire que c’est dommage d’en arriver là et de ne pas aller au bout. Et évidemment, c’est à ce moment-là que tous les encouragements que vous m’avez envoyé, relayés par Maryvonne et Victor qui commençaient à me suivre de plus près (j’allais moins vite !), m’ont évidemment beaucoup aidé. Que dis-je, énormément ! J’ai fini par digérer la déception, et j’ai réussi à shifter en me disant que, maintenant, l’objectif serait juste de terminer.

A partir de ce moment-là, les idées noires disparaissent, et on passe en mode combattant où on sait qu’on va en chier un paquet de temps (marcher me faisait mal dont beaucoup au cou suite à l’accident et avec des jambes super dures) mais qu’on n’est pas venu là pour rien, qu’il faut gratter ce qu’il y a à gratter coûte que coûte. Une médaille et un t-shirt en gros…. Non, je blague, un peu plus bien sûr.

Et là, le calvaire a commencé. Une longue marche, avec des hauts et des bas (un peu plus nombreux). Une famille qui va m’aider comme jamais, il faudra d’ailleurs que vous leur demandiez des anecdotes dont je ne me souviens même pas (je suis endormi en marchant d’après eux… J’en doute encore).

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Et au final, pas de regrets bien sûr. Car les arrivées IronMan sont fortes émotionnellement, la mienne était très réussie, je me suis réveillé pour en profiter.

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Aujourd’hui, pas de courbatures quasiment, une grosse douleur à un tendon du genou mais cela passera. Assez peu de fatigue aussi. Cela ravive un peu mes regrets car je me dis que j’avais fait ce qu’il fallait pendant ma préparation, je pense que j’étais prêt, mais que j’ai un vrai problème avec le froid qu’il faudra que je travaille. Pas près de faire le Norseman, Christophe ! Surtout qu’en y réfléchissant, j’ai fait toute la prépa à la grosse chaleur.

La conclusion, ben c’est que comme vous me recommandiez, j’ai pris beaucoup de plaisir. Cela peut paraître fou, mais c’est ce mélange d’émotions et ce final ont fait de cette journée un moment que l’on n’est pas près d’oublier toute la famille. Et encore merci pour tous vos encouragements qui me sont arrivés au bien meilleur des moments !"

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ALL RIGHT STEPH, YOU ARE AN IRONMAN !